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HISTOIRE

mêmes espérances. Il reste une masse prodigieuse de documens relatifs à toutes ces transactions qui continuaient toujours en temps de guerre comme en temps de paix ; mais qui devenaient plus actives lorsqu’on avait les armes à la main. Les Français cherchaient à s’attacher les cantons, les Anglais, les Abénaquis, et toute l’adresse de la diplomatie était mise en jeu par la nation rivale pour faire échouer ces efforts de conciliation. L’on appuyait de part et d’autre ses raisons de riches présens, et pour satisfaire l’humeur guerrière des Sauvages, l’on adoptait leur cruel systême de guerre, qui faisait des colonies un vaste théâtre de brigandages et de ruines. L’on donnait en Canada 10 écus pour un Iroquois tué et 20 pour un Iroquois prisonnier. Cette différence de prime qui fait honneur à l’humanité du gouvernement français fut établie afin d’engager les Sauvages alliés à ne point massacrer leurs prisonniers comme c’était l’usage chez les barbares. Dans les colonies anglaises l’on suivait la même pratique, excepté qu’il n’y avait point de prime pour les prisonniers. Un soldat recevait dix louis pour la chevelure d’un Indien, un milicien volontaire vingt louis, et s’il faisait la chasse dans les bois à ce Sauvage comme à une bête féroce, et qu’il en apportât la chevelure, il recevait cinquante louis (Bancroft).