Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
HISTOIRE

n’avaient plus de prix, les munitions de guerre manquaient, et l’intendant était obligé de faire fondre les gouttières des maisons et les poids de plomb pour en faire des balles. L’on avait perdu un grand nombre d’hommes, soldats et miliciens[1]. Dans la Nouvelle-Angleterre le commerce était presqu’anéanti, les côtes étaient infestées de corsaires. Les seuls armateurs de St.-Malo avaient pris 16 navires de Boston avec 250,000 francs ; les campagnes étaient en friches, et les habitans s’étaient réfugiés dans les villes pour échapper au fer des Indiens et trouver de quoi subsister. Dans l’hiver les Abénaquis y dévastèrent plus de cinquante lieues de pays, et détruisirent la petite ville de York de fond en comble. Tel était en Amérique le fruit d’une guerre occasionnée par la haine de Guillaume III qui jalousait Louis XIV.

Cependant les Iroquois ayant vu le Canada près de succomber, avaient cherché à se retirer de la lutte, car ils prétendaient tenir la balance entre les peuples avec lesquels ils étaient en rapport, et surtout entre les Français et les Anglais. Voici comment raison-

  1. Documens de Paris. Cette perte s’élevait à 2000 hommes en 1691.