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DU CANADA.

lurent pas attendre qu’il fût rentré. Pour sortir d’embarras on eut recours au papier-monnaie, le premier qu’on eût encore vu dans ces colonies. L’on fabriqua des billets, dits billets de crédit, de diverses dénominations depuis deux chelins jusqu’à dix louis, qui furent reçus comme de l’argent par le trésor[1]. Ainsi le Canada avec ses 11,000 habitans avait non seulement repoussé l’invasion, mais encore épuisé les ressources financières de provinces infiniment plus riches et 20 fois plus populeuses que lui.

La saison des grandes opérations était passée, et les parties belligérantes se trouvaient replacées au même point où elles étaient au début de la campagne. L’Acadie était retombée d’elle-même sous ses anciens maîtres, et les envahisseurs du Canada avaient été repoussés, ou étaient partout en pleine retraite. Ou plutôt la situation des provinces des deux nations était bien moins favorables, car elles étaient toutes en proie à une disette extrême. En Canada l’on fut obligé de disperser les troupes chez les habitans les plus aisés pour leur nourriture. L’argent avait disparu ; il fallut que le gouvernement émît une nouvelle monnaie de carte ; les denrées et les marchandises

  1. Hutchinson.