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HISTOIRE

fit pas ; c’est ce qui empoisonna les dernières années de sa vie. Il fit venir plusieurs de ses neveux de France pour les enrichir, et n’ayant pu faire nommer l’un d’eux, un capitaine De Bonne de Miselle, adjudant général, il lui concéda une seigneurie et lui accorda la traite exclusive du Sault-Ste.-Marie. Quoiqu’il fût riche de plusieurs millions, le marquis de la Jonquière se refusa pour ainsi dire le nécessaire jusqu’à sa mort. On rapporte que dans sa dernière maladie des bougies ayant été placées près de son lit, il les fit ôter et remplacer par des chandelles de suif, disant « qu’elles coûtaient moins cher et éclairaient aussi bien ». Malgré ce défaut, la France perdit beaucoup en le perdant ; c’était un de ses marins les plus habiles, et qui était doué de cette constance indomptable à la guerre d’autant plus précieuse pour la France, qu’elle luttait alors avec des forces inégales sur l’Océan. Le baron de Longueuil administra pour la seconde fois par intérim, la colonie jusqu’à l’arrivée du marquis Duquesne de Menneville en août 1752. Ce nouveau gouverneur, recommandé au roi par M. de la Galissonnière, était capitaine de vaisseau et de la maison du fameux amiral de Louis XIV. Ses ordres portaient de suivre en tout la conduite de ses prédécesseurs, c’est-à-dire d’empêcher les Anglais et de passer les Apalaches