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DU CANADA.

jusqu’à la source de ce fleuve, c’était la guerre ; elle savait bien aussi que la France ferait les plus grands sacrifices pour l’éviter, et c’est pourquoi elle fit des propositions que la cour de Versailles ne pouvait adopter sans se déshonorer. Le cabinet de Londres ne céda rien de son ultimatum, et la commission qui négociait depuis trois ans à Paris, continua encore deux ans ses controverses tantôt animées tantôt languissantes sans en venir à aucun résultat.

Cependant si les mouvemens qui menaçaient la paix avaient cessé du côté de l’Acadie pendant les négociations des commissaires, il n’en était pas ainsi dans la vallée de l’Ohio ; et tandis que l’on croyait que la guerre, s’il y en avait une, surgirait de la question des limites de la première province, elle était commencée, contre les prévisions de l’Europe, par les Virginiens au milieu des forêts qui séparaient le Canada et la Louisiane.

M. de la Jonquière gouvernait la Nouvelle-France. Il suivait, d’après les ordres de sa cour, le plan que M. de la Galissonnière avait tracé, qui était d’empêcher les Anglais de pénétrer sur le territoire de l’Ohio. Malgré les sommations qui leur avaient été faites de la part de la France, la Pennsylvanie et le Maryland continuaient de donner des passeports à leurs traitans pour aller au delà des Apalaches,