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HISTOIRE

pagne et l’Angleterre, multitude d’ennemis qui ne faisait que prouver sa puissance. Comme toujours les colons furent entraînés dans une guerre dont l’objet leur était totalement étranger ; et parceque Louis XIV faisait trembler l’Europe, il fallait que les habitans de l’Amérique se battissent entre eux.

Nous venons de voir quel chemin les colonies anglo-américaines avaient fait à l’époque où nous sommes parvenus, et quels élémens de bonheur, de puissance et de richesses elles possédaient pour l’avenir. Un commerce étendu, une population considérable, des institutions libres et la jouissance d’un des plus fertiles pays du monde, tel est le tableau que présente l’ennemi que le Canada a à combattre, le Canada qui n’a, lui, que 11,000 habitans, qui soutient depuis longtemps une guerre sanglante avec les Indiens, et dont le commerce est presqu’entièrement anéanti. Les Américains pouvaient bien dire lorsqu’ils comparaient leurs forces aux siennes, que c’était une proie « qu’ils n’avaient qu’à allonger le bras pour saisir. »

Les Français néanmoins ne s’effrayèrent pas. Suivant leur antique usage, ils résolurent de ne pas attendre l’ennemi chez eux, mais de l’attaquer vivement dans ses propres positions malgré sa supériorité numérique. Il fut décidé en conséquence de l’assaillir à la fois à la baie