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DU CANADA.

de l’Europe depuis déjà deux ou trois ans. La révocation de l’édit de Nantes avait soulevé contre elle les nations protestantes, et leur avait fourni le prétexte de reprendre les armes pour se venger de leurs défaites passées. Le prince d’Orange, le plus acharné de ses ennemis, fut le principal auteur de la fameuse ligue d’Augsbourg, dans laquelle la plupart des puissances continentales entrèrent. Le roi Jacques II, fervent catholique, et recevant des subsides de Louis XIV pour être plus indépendant de son parlement, était resté attaché à l’alliance de ce prince ; mais c’était tout ce qu’il pouvait faire que d’empêcher les Anglais de la rompre. Et en effet bientôt après ce peuple conspira contre lui, et il eut la douleur de se voir précipiter du trône par son propre gendre, le prince d’Orange, soldat taciturne et ambitieux, qui dut probablement la couronne d’Angleterre autant à la haine qu’il portait à la France qu’à son propre mérite. Il fut couronné à Londres sous le nom de Guillaume III. Louis XIV reçut le monarque déchu avec les plus grands égards en lui promettant de le replacer bientôt sur le trône ; mais la chute de Jacques lui donnait un ennemi de plus dans la Grande-Bretagne.

La France eût ainsi à combattre à la fois la Hollande, l’Allemagne, la Savoie, l’Italie, l’Es-