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HISTOIRE

En présence de ces prétentions annoncées à la possession de pays découverts par les Français, et formant partie intégrante des territoires occupés par eux depuis un siècle et demi qu’avait à faire M. de la Galissonnière, sinon de maintenir les droits de sa patrie ? Certainement ce n’était pas à lui à les abandonner. Tous les mouvemens qu’il ordonna sur nos frontières lui auraient donc été dictés par la nécessité de sa situation, s’il n’avait pas été convaincu d’ailleurs lui même de leur à propos. Mais il y a plus. L’article 9 du traité d’Aix-la-Chapelle stipulait positivement que toutes choses seraient remises dans le même état qu’elles étaient avant la guerre, et la Grande-Bretagne avait envoyé deux otages à Versailles pour répondre de la remise de Louisbourg dans l’île du Cap-Breton. Or la France avait toujours occupé le pays jusqu’à l’isthme de la péninsule acadienne. L’érection du fort St.-Jean et la possession du Cap-Breton immédiatement après le traité d’Utrecht étaient des actes publics, éclatans, de cette occupation dont la légitimité semblait avoir été reconnue par le silence que la cour de Londres avait gardé jusqu’après le traité qui venait de mettre fin à la guerre ; car ce ne fut qu’alors que le gouverneur de la Nouvelle-Écosse, le colonel Mascarène, voulût forcer les habitans de la