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DU CANADA.

tait la porte du Canada, et la seule par où l’on pouvait y entrer de l’Océan en hiver, c’est-à-dire pendant 5 mois de l’année.

Le territoire que l’Angleterre disputait aux Français au-delà des Apalaches était encore beaucoup plus précieux pour l’avenir. Le bassin de l’Ohio seul jusqu’à sa décharge dans le Mississipi, n’a pas moins de deux cents lieues de longueur ; mais ce n’en était là qu’une faible partie ; l’étendue réclamée n’était pas définie ; elle n’avait et ne pouvait avoir à proprement dire aucune limite, c’était un droit occulte, qui devait entraîner avec lui la possession des immenses contrées représentées sur les cartes entre les lacs Ontario, Érié, Huron et Michigan, le haut Mississipi et les Alléghanys, et qui forment maintenant les États de la Nouvelle-York, de la Pennsylvanie, de l’Ohio du Kentucky, de l’Indiana, de l’Illinois et les territoires qui sont de chaque côté du lac Michigan, et entre les lacs Érié et Huron et le fleuve Mississipi. Le Canada se serait trouvé séparé de la Louisiane par de longues distances, et complètement mutilé. Des murs de Québec et de Montréal on aurait pu voir flotter le drapeau britannique sur la rive droite du St.-Laurent. De pareils sacrifices équivalaient, dans notre opinion, à une cession tacite de la Nouvelle-France.