Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/495

Cette page a été validée par deux contributeurs.
496
HISTOIRE

le Canada de ce fleuve, lui enlevaient l’alliance des Indiens et restreignaient les bornes de ce pays au pied du lac Ontario. Ce résultat était inévitable d’après le développement qu’avaient pris leurs établissemens, et d’après le génie ambitieux qu’on leur connaissait. Le passé était là pour donner sa sanction à la justesse de ce jugement.

On a beaucoup blâmé la France de la position qu’elle osa prendre dans cette circonstance ; elle a été même accusée par les siens d’ambition et de vivacité. Voltaire va jusqu’à dire qu’une pareille dispute, élevée entre de simples commerçans, aurait été apaisée en deux heures par des arbitres ; mais qu’entre des couronnes il suffit de l’ambition et de l’humeur d’un simple commissaire pour bouleverser vingt états, comme si la possession d’un territoire assez spacieux pour former trois ou quatre empires comme la France, comme si l’avenir de ces magnifiques contrées, couvertes aujourd’hui de millions d’habitans, avait à peine mérité l’attention du cabinet de Versailles. Par cela seul que la Grande-Bretagne montrait tant de persistance, ne devait-on pas être au moins sur ses gardes.

Le mouvement que l’on se donnait en Angleterre et dans ses colonies, l’éclat des préparatifs que l’on faisait, et l’importance des projets qu’ils annonçaient, tout cela était de nature à