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HISTOIRE

était son idole, et, fier de marcher sous les ordres de son seigneur, il le suivait partout, et risquait sa vie avec joie pour mériter son estime et sa considération. C’est ce qui faisait dire à un ancien militaire : Je ne suis pas surpris si les Canadiens ont tant de valeur, puisque la plupart descendent d’officiers et de soldats qui sortaient d’un des plus beaux régimens de France.

L’éducation que les seigneurs et le peuple recevaient des mains du clergé presque seul instituteur en Canada, n’était point de nature à éteindre cet esprit qui plaisait au gouvernement, et qui était nécessaire jusqu’à un certain point au clergé lui-même, pour protéger plus efficacement les missions catholiques, lesquelles redoutaient pardessus tout la puissance et les principes protestans de leurs voisins. Ainsi le gouvernement et le clergé avaient intérêt à ce que le Canadien fût un guerrier. À mesure que la population augmentait en Canada, la milice avec ce système devait y devenir de plus en plus redoutable. C’était en effet presqu’une colonie militaire : dans les recensemens l’on comptait les armes, comme dans les rôles d’armée. Tout le monde en avait (voir App. A).

Tels étaient nos ancêtres ; et comme l’émigration française a toujours été peu considérable, ce système était peut-être ce qu’il y