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HISTOIRE

Les Canadiens cependant, manquant de vivres, ne purent pousser plus loin leur avantage, et ils furent même obligés de rentrer dans leur pays dès que la saison le permit, comme ils avaient projeté de le faire l’automne précédent.

L’échec du Grand-Pré n’était pas le seul qu’éprouvaient nos voisins depuis le commencement des hostilités. Leurs frontières étaient continuellement dévastées par les bandes qui s’y succédaient l’une à l’autre avec une prodigieuse activité depuis l’automne de 1745, et quelquefois il y en avait plusieurs en même temps sur pied. Mais au loin l’éclat de la conquête du Cap-Breton avait jeté dans l’ombre toutes ces petites expéditions, qui à la longue devaient harasser cependant beaucoup l’ennemi. On en comptait jusqu’à 27 depuis le commencement de la guerre, c’est-à-dire depuis trois ans. Le fort Massachusetts situé à cinq lieues au-dessus de celui de St.-Frédéric, avait été enlevé par capitulation par M. Rigaud de Vaudreuil à la tête de 700 Canadiens et Sauvages, qui avaient ensuite ravagé 15 lieues de pays et répandu la terreur dans la Nouvelle-Angleterre. M. de la Corne de St.-Luc avait attaqué le fort Clinton et complètement défait un détachement ennemi qu’il avait précipité à coups de hache dans une rivière. Saratoga avait été pris et la population massacrée. Le fort