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HISTOIRE

des Français, et en fit périr le tiers. Ce fléau remplit d’effroi les ennemis eux-mêmes, qui se tinrent au loin dans un moment où ils auraient pu anéantir sans effort l’expédition française. L’amiral Townshend regardait avec terreur du Cap-Breton où il était avec son escadre, les ravages qui désolaient ses malheureux adversaires.

Cependant les lettres interceptées annonçant l’arrivée d’une flotte anglaise, avait nécessité la tenue d’un conseil de guerre, où les opinions furent partagées sur ce qu’il y avait à faire. Le duc d’Anville dont le caractère altier se révoltait sous le poids d’aussi grands malheurs, mourut presque subitement. M. d’Estournelle qui le remplaça dans le commandement, convoqua un nouveau conseil et proposa d’abandonner l’entreprise et de retourner en France. Cette proposition fut repoussée surtout par M. de la Jonquière, troisième en grade sur la flotte. Le nouveau commandant tomba alors dans une agitation extrême, la fièvre s’empara de lui, et dans son délire il se perça de son épée. Ces scènes tragiques ne rappellent-elles pas les désastres de la retraite des Grecs après la prise de Troie.

L’on était rendu au 22 octobre et il y avait 42 jours que l’on était à Chibouctou, pendant lesquels il était mort 1,100 hommes et 2,400