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HISTOIRE

d’un corps d’artisans et de laboureurs », eût pu réussir ; et pourtant c’est ce qui venait d’avoir lieu. L’orgueil européen en fut blessé, et « quoique cette conquête mît la Grande-Bretagne en état d’acheter la paix, elle excita sa jalousie contre les colonies qui l’avaient faite »[1]. Nous verrons dans la prochaine guerre que les exploits des Canadiens excitèrent de même l’envie des Français et jusqu’à celle du général Montcalm, et que cette faiblesse contribua chez ce commandant à le dégoûter d’une lutte au succès de laquelle il fit la faute grave de ne pas croire dès le commencement, et celle encore plus grande de répandre cette idée parmi les troupes.

Tandis que les vainqueurs se félicitaient, et attribuaient eux-mêmes dans leur étonnement le succès qu’ils venaient de remporter au secours d’une providence dont la main avait paru manifestement dans tout le cours de l’entreprise, la nouvelle de la prise de Louisbourg parvint en France et tempéra la joie qu’y causaient la célèbre victoire de Fontenoy et la conquête de l’Italie autrichienne. À Londres la perte de cette bataille et le débarquement du prétendant, le prince Edouard, en Écosse ne permirent guère non plus d’exalter

  1. American Annals.