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HISTOIRE

À la première alarme le général Duchambon, commandant, fit rassembler les troupes et les harangua ; il en appela à leurs sentimens, et leur représenta que l’arrivée des ennemis leur offrait une occasion favorable de faire oublier le passé et de montrer qu’ils étaient encore bons Français. Ces paroles ranimèrent leur patriotisme, et ces gens qui n’étaient qu’outrés contre les injustices de leurs supérieurs, reconnurent leur faute et rentrèrent aussitôt dans le devoir, sacrifiant leur ressentiment au bien de la patrie. Malheureusement les officiers refusèrent toujours de croire à la sincérité de leurs dispositions, et cette méfiance avait déjà eu et eut encore les plus funestes résultats comme on va le voir tout à l’heure.

Quoique l’ennemi eût débarqué et se fût approché de la ville sans opposition, à la faveur de la surprise, son succès n’aurait été rien moins qu’assuré si le général français eût fondu sur lui pendant qu’il formait son camp et qu’il commençait à ouvrir ses tranchées. En effet de simples milices, rassemblées avec précipitation, commandées par des marchands n’ayant aucun principe militaire, auraient été déconcertées par des attaques régulières et vigoureuses ; elles n’auraient pu résister à la bayonnette ; un premier échec les aurait découragées. Mais on s’obstina à croire que la