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HISTOIRE

sation sociale très compliquée, ont réduit à la dernière misère. Les préoccupations de son esprit sont tout entières concentrées dans la recherche des moyens de se procurer une nourriture qui lui manque sans cesse. Cet homme ne peut avoir ni la noblesse de sentiment, ni l’indépendance de caractère qui ont distingué les premiers colons de l’Amérique septentrionale. Accablé sous le poids de la misère, et insensible à tout ce qui n’est pas immédiatement lié à son existence matérielle, il lui faudra à coup sûr de longues années d’aisance pour atteindre au niveau des républicains du Massachusetts ou des gentilshommes catholiques du Maryland. Il est facile de concevoir, qu’avec de pareils élémens la politique d’une métropole a plus de chances de prolonger sa domination.

Si l’on compare à présent le colon français avec le colon anglais du 17e et du 18e siècle, l’on trouve encore là un grand contraste. Ce dernier était principalement dominé par l’amour de la liberté, du commerce et des richesses qu’il fournit[1]. Il faisait avec plaisir tous les sa-

  1. Lord Brougham exagère singulièrement un fait lorsqu’il dit, « que ce colon bornait ses espérances de richesses aux inspirations du St.-Esprit, et son ambition au désir de posséder le ciel dans l’autre vie ». L’histoire nous prouve qu’il avait autant d’horreur de l’esclavage politique et commercial que de l’esclavage religieux.