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HISTOIRE

un système d’association habilement ménagé, ils achetaient ou vendaient, comme nous l’avons exposé tout à l’heure, tout ce que le gouvernement voulait vendre ou acheter. Agissant eux-mêmes pour le roi, il est facile de concevoir que les articles du marchand qui n’était pas dans leur alliance, n’étaient jamais admis. La liberté et la concurrence si nécessaires à l’activité du commerce furent détruites, ainsi que l’équilibre des prix que l’association dont il s’agit fit monter à un degré exorbitant, malgré l’abondance des denrées et des marchandises, au point que cette cherté factice devint une cause de disette réelle.

Le vice du système ne s’était pas encore manifesté d’une manière si hideuse ; mais il avait dû produire dans tous les temps un grand mal, et causer un découragement fatal au négociant industrieux qui ne pouvait lutter avec des hommes placés dans de meilleures conditions que lui. Cela n’est pas une exagération, « car, selon le Mémoire de Bigot accusé dans l’affaire du Canada, c’est le roi qui faisait les plus grandes consommations dans les colonies ; et par conséquent, c’est vis-à-vis de lui principalement qu’on pouvait faire un commerce d’une certaine importance, et qui pût en le rendant florissant, y attirer des Européens. C’est ce qu’écrivait l’intendant au ministre dans