Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/438

Cette page a été validée par deux contributeurs.
439
DU CANADA.

jamais élevées au-dessus de dix-sept cents mille livres, n’eurent plus de bornes après cette époque. » Mais n’anticipons pas sur l’ordre du temps.

Dans ce système monétaire, le Canada n’était détenteur d’aucune sécurité réelle. La monnaie est ordinairement un signe qui représente une valeur réelle et qui a lui-même une valeur intrinsèque. En Canada elle était le signe du signe. On n’y voyait d’espèces que celles qu’apportaient les troupes et les officiers des vaisseaux, ou la contrebande avec les colonies anglaises ; et elles étaient aussitôt enlevées pour faire de la vaisselle, être renfermées dans les coffres ou envoyées dans les Îles. La monnaie de cartes était préférée aux ordonnances parce que la valeur des premières était toujours payée toute entière en lettres de change avant les secondes, de sorte que si les dépenses du gouvernement excédaient le montant de l’exercice de la colonie, l’excédant était soldé en ordonnances retirées ensuite par ces cartes pour lesquelles il ne pouvait sortir néanmoins de lettres de change que l’année suivante ; on appelait cela faire la réduction. « Dans le courant de 1754, au lieu de faire une réduction qui eut été trop forte, on délivra des lettres de change pour la valeur entière des papiers portés au trésor, mais payables seulement, par-