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HISTOIRE

achats ne se faisaient pas en droiture chez le négociant ou par soumission au rabais. Les fonctionnaires qui avaient l’administration des fournitures et la comptabilité, s’étaient secrètement associés ensemble, comme nous le dirons ailleurs, et spéculaient sur le roi et sur le commerce. Sachant d’avance ce que le service demandait, « la grande compagnie », c’est ainsi que l’on nommait cette société occulte, faisait ses achats avant que le public eût connaissance des besoins de ce service ; et comme ces achats étaient considérables, elle payait souvent 15 à 20 au-dessous du cours, et ensuite après avoir accaparé les marchandises, elle les revendait au roi à 25, 80, et jusqu’à 150 pour cent de profit.

Il est facile de concevoir par ce qui précède que le commerce Canadien étant peu étendu, ses ressources à peine utilisées, le manque de récoltes, les irruptions des Sauvages, les guerres devaient le jeter continuellement dam des perturbations profondes et rendre le prix des marchandises excessif. C’est ce qui engagea la France, malgré la répugnance naturelle des métropoles à permettre l’établissement des manufactures dans leurs colonies, à autoriser en Canada la fabrique des toiles et dés étoffes grossières, par une lettre ( 1710) dont on ne doit pas omettre de donner ici la