Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/417

Cette page a été validée par deux contributeurs.
418
HISTOIRE

que le manufacturier français était pour cet article comme exclus de nos marchés. Le traitant anglais pouvait, dans cet état de choses, vendre aux Indiens, comme il le faisait aussi, moitié moins cher que le traitant français, faire le double de profit, et cependant payer encore le castor trois chelings sterling la livre tandis que ce dernier n’en pouvait donner que deux francs.

Quand M. Burnet prit les rênes de la Nouvelle-York, il vit du premier coup d’œil qu’en en fermant l’entrée aux Canadiens il rendrait leur situation encore plus mauvaise, en les privant des objets qui leur étaient absolument nécessaires pour leur négoce, et en leur enlevant un marché pour leurs pelleteries, Albany où ils vendaient le castor le double de ce que le payait la compagnie des Indes. En 1720, un acte fut passé par la législature, par forme d’essai, prohibant pour trois ans tout commerce avec le Canada ; et en 1727, on s’empressa de le rendre permanent. L’effet en fut aussi prompt que fatal pour ce pays. Les tissus de laine qui s’étaient vendus jusque là £13 2 6 la pièce, à Montréal, montèrent aussitôt à £25.

Burnet, marchant toujours vers son but, fit ouvrir à Oswégo, sur la rive méridionale du lac Ontario, un comptoir pour attirer les Indiens ; c’était le complément nécessaire de