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DU CANADA.

vrage qui sortit de la presse américaine, fut The Freeman’s Call un an après. Bientôt régna cette liberté de la pensée, cette indépendance de l’esprit qui est le partage d’une nation libre et avancée dans la civilisation, et qu’on retrouve rarement dans une colonie, même de nos jours. Dans ces petites sociétés naissantes, il est bien permis aux partis d’avoir une polémique violente, factieuse quelquefois sur des points particuliers ; mais qu’un homme se lève avec les armes de la raison pour défendre des principes qui sont d’une application générale, s’ils affectent le gouvernement, les hommes en autorité, soit militaire, civile ou religieuse, s’ils sont en opposition avec leurs intérêts, leur ambition, leurs vues, il n’aura pas d’écho, le peuple si turbulent dans ses colères, sera paralysé par une influence mystérieuse, par mille petits liens, qui des lieux occultes où trônent ces pouvoirs vraiment redoutables, s’étendent partout autour de lui, enchainent ses pas, et lui montrent leur puissance et son néant. Tel homme n’oserait combattre un de ces pouvoirs sans s’être du moins assuré l’appui de l’autre, pour le protéger en cas de revers. Le peuple de la Nouvelle-Angleterre est celui de toute l’Amérique qui s’est affranchi le premier de cet esprit de dépendance qui tient au sentiment qu’on a contracté de sa