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HISTOIRE

France, par lequel ils leur abandonnaient la traite des pelleteries à la condition qu’ils acquitteraient la liste civile et militaire et toutes les autres dépenses de l’administration. Le nouveau privilége, plus exclusif encore que celui de 1627, souleva une opposition générale. En très peu de temps les marchandises n’eurent plus de prix ; le conseil souverain fut obligé d’établir un tarif que rendit inutile la sagacité mercantile. La compagnie et ceux qui avaient encore d’anciennes marchandises, refusèrent de les vendre aux taux fixés par l’autorité, et elles disparurent du marché. Il était nécessaire de faire cesser au plus tôt un état de choses qui assujettissait les habitans à une gène affreuse en les ruinant. En effet deux ans après (1666) la compagnie, sur le rapport de Colbert au roi, rendit libre et le commerce avec la mère-patrie et la traite des fourrures. Mais pour s’indemniser de la subvention des juges du pays, qui fut portée à sa charge, et qui se montait à 48,950 livres, elle se réserva le droit du quart sur le castor, du dixième sur les orignaux et la traite de Tadoussac, ce que les habitans acceptèrent sans murmurer, et le roi confirma avec satisfaction.

Cette compagnie, malgré les vastes domaines livrés à son exploitation, ne prospéra point. Soit que ces opérations fussent conduites sans