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HISTOIRE.

Négoce étendu que faisaient déjà les colons. — Les rapports et les calomnies de Randolph servent de prétextes pour révoquer les chartes de la Nouvelle-Angleterre. — Ressemblance de caractère entre Randolph et lord Sydenham. — Révolution de 1690. — Gouvernement. — Lois. — Éducation. — Industrie. — Différence entre le colon d’alors et le colon d’aujourd’hui, le colon français et le colon anglais.


Le Canada n’avait pas été actuellement en guerre avec les Anglais depuis le traité de St.-Germain-en-Laye en 1632. À cette époque reculée, où les colonies de l’Amérique septentrionale naissaient à peine, les combattans étaient tous des Européens, qui se disputaient des lambeaux du continent dû au génie de Colomb. Aucun d’eux n’avait pris les armes pour défendre le sol de sa vraie patrie ; la terre qu’ils foulaient était encore à leurs yeux une terre étrangère. Mais en 1689 les choses avaient déjà changé. Il y avait alors des Canadiens, il y avait des Américains, il y avait une patrie, ce mot si magique pour le soldat. Et chose remarquable, les Européens laissèrent pour ainsi dire le champ libre à ces nouveaux hommes, qui essayèrent leur force et leur courage les uns contre les autres, et déployèrent dans la lutte cette même ardeur et cette haine nationale dont leurs mères-patries respectives donnaient le douloureux spectacle depuis des siècles dans l’ancien monde.

Nous savons quel développement avait pris en 1689 le Canada en population, en industrie