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HISTOIRE

hommes libres qui vinrent y cacher leurs lois et leurs autels, l’Europe répondra : la colonie est soumise au pouvoir suprême de la métropole.

En vain le Canada dira-t-il, j’ai un pacte qui fut conquis après six ans d’une lutte acharnée, et scellé avec le plus pur sang de mes enfans, un pacte qui me garantit l’usage de ma religion et de ma propriété, c’est-à-dire de ma langue, de mes biens et des lois qui les régissent, l’Europe répondra : la colonie est soumise au pouvoir suprême de la métropole.

Le traité d’Utrecht fut suivi d’une longue période de paix presque sans exemple dans les annales du Canada. Depuis son établissement cette colonie avait presque toujours eu les armes à la main, pour repousser tantôt les Anglais, tantôt les Indiens, qui venaient tour à tour lui disputer un héritage couvert de ses sueurs et de son sang. Cette guerre semblait devenir plus vive à mesure qu’elle se prolongeait. Mais il vient un temps où les forces et l’énergie comme les passions s’usent et s’épuisent. Les parties belligérantes plus affaiblies encore en Amérique qu’en Europe, mirent enfin un terme à cette lutte, et les colons depuis si longtemps victimes de la politique de l’ancien monde, et de quelques hommes ambitieux du nouveau, purent goûter sans alarmes les fruits