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DU CANADA.

marqué cette ère incomparable, où un immense et fertile continent s’est trouvé tout-à-coup livré au génie des populations chrétiennes, au génie d’une immigration qui, foulant aux pieds les dépouilles sociales des temps passés, a voulu inaugurer une arche d’alliance nouvelle, une société sans priviléges et sans exclusion. Le monde n’avait encore rien vu de semblable. Cette nouvelle organisation doit-elle atteindre les dernières limites de la perfectibilité humaine ? On le croirait si les passions des hommes n’étaient partout les mêmes, si l’amour des richesses surtout n’envahissait toutes les pensées, n’était devenu, comme celui des armes au moyen âge, la première idole de l’Amérique. Rien n’y entrave les lumières, ni vieux préjugés, ni vieilles doctrines, ni institutions antiques. La place du beau et du bon est vide. Les siècles passés n’ont laissé ni ruines, ni décombres, que la hache du défricheur n’ait abattues ou ne puisse niveler.

L’établissement de ce continent opéra une révolution surtout dans le commerce, qui embrasse tout aujourd’hui, et qui du rang le plus humble tend continuellement à occuper la première place de la société, et à y exercer la plus grande influence. Les armes, la mitre ont tour à tour exercé leur domination sur le monde, le commerce prend déjà leur place. Il