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DU CANADA.

Cela, comme on peut bien le penser, attira l’animadversion publique sur Randolph ; il devint si odieux que l’on perdait sa popularité seulement à correspondre avec lui.[1] Emprisonné par le peuple dans l’insurrection qui éclata à Boston en 1689, à la suite de la nouvelle du débarquement de Guillaume III en Angleterre, ce malheureux reconnut lui-même, dans une lettre qu’il écrivit à un des gouverneurs des Îles, le mal qu’il avait fait aux colons et la haine qu’ils lui portaient. « Ce pays est pauvre, écrivait-il, l’observation rigoureuse des lois de commerce a pesé grièvement sur les habitans ; tout le blâme retombe sur moi ; sur moi qui le premier ai attaqué leur charte, et la leur ai fait perdre, sur moi qui ai continué leur servitude par l’exercice de mon office de percepteur des douanes ».

Le despotisme ainsi établi et organisé fut rempli de troubles et de confusion, et ne put durer que jusqu’en 1691. L’opposition toujours de plus en plus violente des habitans força Guillaume et Marie de leur octroyer un gouvernement plus libéral. Toute la Nouvelle-Angleterre fut réunie en une seule pro-

  1. " His (M. Dudley) correspondency, écrivait M. Danforth, with that wicked man, M. Randolph, for the overturning the government, has made him the object of the people’s displeasure ".