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DU CANADA.

d’augmenter le nombre de nos soldats »[1].

Jamais homme d’état ne s’est exprimé avec plus de franchise. Ne se croyant pas obligé de voiler son langage, il dit les choses telles qu’elles sont. Il ne cherche point à s’autoriser de titres chimériques pour établir un droit de priorité en faveur de sa patrie ; il se contente de mentionner ses motifs qui sont tout d’intérêt : l’intérêt est sa règle, car de droit, même celui de possession, même celui de premier occupant qui dans le cas actuel est le meilleur, il n’en reconnaît pas.

M. de Vaudreuil suivait d’un œil jaloux tous les actes de ses voisins. Il vit toute la portée de la recommandation de M. Burnet, et du statut législatif qui avait été passé pour lui donner force de loi. Immédiatement il se mit en frais d’en contrecarrer les funestes conséquences. M. de la Joncaire reçut l’ordre (1721) d’établir un poste à Niagara, du côté du sud, afin d’empêcher les Anglais de s’introduire sur les lacs, ou d’attirer le commerce de ces contrées à Albany. C’était un homme intelligent et qui possédait à un haut degré cette éloquence figurée qui charment tant les Sauvages. Il obtint sans difficulté des Tsonnonthouans, par qui il avait été adopté et qui le chérissaient

  1. Lettre du 9 juillet 1718 : Documens de Londres.