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HISTOIRE

vassent l’attachement des Abénaquis.[1]Trop d’intérêts leur dictaient d’ailleurs cette politique pour qu’ils ne la suivissent pas.

Quant à la délimitation de cette frontière que le P. Aubry avait proposé de fixer en tirant une ligne de Beaubassin à la source de la rivière Hudson, il paraît qu’il n’en fut plus question jusqu’après la guerre de 1744. Ce missionnaire canadien, illustré par la plume de Chateaubriand et le pinceau de Girodet dans un tableau remarquable, était en 1718 dans cette contrée. Il écrivait que l’Acadie se bornait à la péninsule, et que si on abandonnait les Sauvages, les Anglais étendraient leurs frontières jusqu’à la hauteur des terres près de Québec et de Montréal. L’humble prédicateur avait prévu les prétentions du cabinet de Londres 30 ans avant leur énonciation. La faute du gouvernement français fut de n’avoir pas distingué, par une ligne de division, chacune de ses provinces. Il n’y avait pas de limites tracées et connues entre l’Acadie et le Canada, et les autorités canadiennes comme celles de l’Acadie avaient fréquemment fait acte de juridiction pour les mêmes terres.[2]

  1. Documens de Paris.
  2. Charlevoix était de la même opinion, car dans une lettre qu’il écrivit à la duchesse de Lesdiguières lorsqu’il voya-