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DU CANADA.

chaient des herbes et des plantes pour panser les blessés, fut de pleurer sur le corps de leur infortuné missionnaire.

« Ils le trouvèrent percé de mille coups, la chevelure et les yeux remplis de boue, les os des jambes fracassés, et tous les membres mutilés d’une manière barbare. Voilà, s’écrie Charlevoix, de quelle manière fut traité un prêtre dans sa mission au pied d’une croix, par ces mêmes hommes qui exagéraient si fort en toute occasion les inhumanités prétendues de nos Sauvages qu’on n’a jamais vu s’acharner ainsi sur les cadavres de leurs ennemis ». Après que ces néophites eurent lavé et baisé plusieurs fois les restes d’un homme qu’ils chérissaient, ils l’inhumèrent à l’endroit même où était l’autel avant que l’église fût brûlée.

La guerre, après cette surprise, continua avec vigueur et presque toujours à l’avantage des Abénaquis, quoiqu’ils ne fussent pas aidés des Français. M. de Vaudreuil ne pouvant leur donner de secours, n’empêchait pas cependant les tribus sauvages de le faire, en leur démontrant que les Anglais plus nombreux étaient plus à craindre que les Français, qui au contraire contribuaient par leur seule présence, malgré leur petit nombre, à la conservation de l’indépendance des nations indigènes[1].

  1. Documens de Paris.