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DU CANADA.

malheureuse, sinon volontaire, les a très aggravés. On a dit que le roi ne peut, ni ne veut, quelque soient les provocations, sévir contre le pays ; que ses finances sont dans un état peu florissant. Le peuple croit ici tout ce qu’on lui débite… D’un autre côté, par une étrange déception deceptio visus, l’on peint à ce monarque les habitans de cette province comme un peuple très fidèle et très loyal, comme un grand peuple, qui peut lever des forces considérables ; qu’il a en outre fait des sacrifices et de grandes dépenses pour convertir les forêts du Nouveau-Monde en belles campagnes sans qu’il en ait rien coûté à la couronne.

« Il est vrai, en effet, qu’il y a ici beaucoup de sujets loyaux ; mais un bien petit nombre occupe des places de confiance. Les forces du pays sont très peu de chose, et plus d’apparat que de service. Je me fais fort de les chasser hors des frontières avec cinq cents hommes des gardes de Sa Majesté. Quant aux sacrifices, je connais bien peu d’habitans maintenant vivans, ou de leurs enfans, qui en aient fait. M. Dudley, l’un des agens actuels du Massachusetts, est un des premiers planteurs et un homme comme il faut (gentleman) ; il est venu ici avec une fortune assez honnête, mais les premiers aventuriers ou sont morts et les dépouilles de leurs enfans passées aux