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HISTOIRE

1715 à 1744, si elle n’est pas encore une époque de guerre ouverte, est un temps de lutte politique et commerciale très vive, à laquelle des intérêts de jour en jour plus impérieux, ne laissent point voir de terme. Dans les premières années de l’établissement de l’Amérique, les questions de frontières et de rivalité mercantile n’avaient pas encore surgi ; on ne connaissait pas toute l’étendue des pays dont on prenait possession, il ne s’y faisait pas encore de commerce. Mais au bout d’un siècle et demi, les établissemens français, anglais, espagnols avaient fait assez de progrès pour se toucher sur plusieurs points, et pour avoir besoin de l’alliance ou des dépouilles des Indigènes, afin de faire triompher les prétentions nouvelles qu’ils annonçaient chaque jour. Les lois internationales, violées dès l’origine dans ce continent par les Européens, y étaient partout méconnues et sans force. Après que le pape se fut arrogé le droit de donner aux chrétiens les terres des infidèles, tout frein fut rompu ; car quel respect pouvait-on avoir en effet pour un principe qu’on avait enfreint, en mettant le pied dans le Nouveau-Monde, en s’emparant de gré ou de force d’un sol qui était déjà possédé par de nombreuses nations. Aussi l’Amérique du Nord présenta-t-elle bientôt le spectacle qu’offrit l’Europe dans la première