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DU CANADA.

autres, et qui devait être tôt ou tard une cause de guerre, inquiétait beaucoup le gouvernement ; ce sujet était la question des frontières du côté des possessions britanniques. La cour de Versailles y revenait fréquemment et avec une préoccupation marquée. Elle avait d’immenses contrées à défendre, qui se trouvaient encore sans habitans ; et les questions de limites, on le sait, si elles traînent en longueur, s’embrouillent de plus en plus. Le langage des Anglais s’élevait tous les jours avec le chiffre de leur population coloniale. Leur politique, comme celle de tous les gouvernemens, ne comptaient qu’avec les obstacles : la justice entre les nations est une chose arbitraire qui procède de l’expédience, de l’intérêt, ou de la force ; ses règles n’ont d’autorité qu’autant que la jalousie des divers peuples les uns contre les autres veille au maintien de l’équilibre de leur puissance respective ; elle a pour base enfin la crainte ou le glaive.

La grandeur des projets de Louis XIV sur l’Amérique, avait, comme ceux qu’il avait formés sur l’Europe, effrayé l’Angleterre, qui chercha à les faire avorter, ou à se les approprier s’il était possible. Elle disputa aux Français leur territoire, elle leur disputa la traite des pelleteries, elle leur disputa aussi l’alliance des Indiens. La période qui s’est écoulée de