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DU CANADA.

de terre atteignait un chiffre considérable ; il fut dans l’année précitée de 282,700 minots de blé, de 7,200 de maïs, 67,400 de pois, 64,000 d’avoine, 4,600 d’orge ; de 48,000 livres de tabac, 54,600 de lin et 2,100 de chanvre, en tout 416,000 minots de grain ou 6 ⅔ minots par arpent, outre 1 ⅔ livre de tabac, lin ou chanvre. Les animaux étaient portés à 59,000 têtes, dont 5,600 chevaux.

L’on voit par ce dénombrement que près de la moitié de la population habitait les villes, signe que l’agriculture était fort négligée. Le total des habitans faisait naître aussi, par son faible chiffre, de pénibles réflexions. Le gouverneur qui prévoyait tous les dangers du voisinage des provinces américaines, dont la force numérique devenait de plus en plus redoutable, appelait sans cesse l’attention de la France sur ce fait qu’elle ne devait plus se dissimuler. Dès 1714, il écrivait à M. de Pontchartrain : « Le Canada n’a actuellement que 4,484 habitans en état de porter les armes depuis l’âge de quatorze ans jusqu’à soixante, et les vingt-huit compagnies des troupes de la marine que le roi y entretient, ne font en tout que six cent vingt-huit soldats. Ce peu de monde est répandu dans une étendue de cent lieues. Les colonies anglaises ont soixante mille hommes en état de porter les armes, et on ne peut douter qu’à la