Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.
334
HISTOIRE

que espèce de raison comme les protecteurs de la colonie.

Cependant la retraite de M. de Loubois avait élevé l’orgueil des Natchés ; ils montraient une hauteur choquante. Il était aisé de voir qu’il faudrait bientôt mettre un frein à leur ardeur belliqueuse. Comme à tous les Indiens, un succès ou un demi-succès leur faisait concevoir les plus folles espérances ; parceque leurs forteresses n’avaient pas été prises, ils croyaient faire fuir les Français devant eux comme une faible tribu. Cette erreur fut la cause de leur perte ; les hostilités qu’ils commirent leur attirèrent sur les bras une guerre mortelle. Le gouverneur avait formé avec les renforts qu’il avait reçus et les milices, un corps d’environ 600 hommes, qui s’assembla dans le mois de décembre (1730) à Boyagoulas. Il partit de là deux jours après, et remonta le Mississipi sur des berges pour aller attaquer l’ennemi sur la rivière Noire, qui se décharge dans la rivière Rouge à dix lieues de son embouchure. À la nouvelle des préparatifs des Français, la division se mit parmi les malheureux Natchés, et elle entraîna la ruine de la nation entière. Au lieu de réunir leurs guerriers ils les dispersèrent ; une partie alla chez les Chicachas, une autre resta aux environs de leur ancienne bourgade. Quelques uns se retirèrent chez