Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/329

Cette page a été validée par deux contributeurs.
329
DU CANADA.

Ils ne savaient pas qu’elle méditait depuis longtemps leur destruction ou leur asservissement, et que ce n’avait été que la crainte des Français qui l’avait arrêtée quelques années auparavant. Avec une politique astucieuse mais profonde, les habiles Chactas les encouragèrent dans leur coupable projet, afin de les mettre aux prises avec les Européens. Ils avaient jugé que ceux-ci les appelleraient à eux, et qu’alors ils pourraient se défaire facilement de cette nation. L’événement justifia leur calcul.

M. Perrier ne pénétra pas d’abord cette politique ténébreuse, et quand il l’aurait fait, cela ne l’aurait pas empêché de se servir des armes des Chactas pour venger l’assassinat des siens. La plupart des autres tribus qui avaient pris part au complot, voyant le secret éventé et les colons sur leurs gardes, ne remuèrent point. Celles qui se compromirent par des voies de fait, payèrent cher leur faute. Les Yasous, qui avaient, au début de l’insurrection, surpris le fort qui était au milieu d’eux et égorgé les dix-sept Français qui s’y trouvaient, furent exterminés. Les Corrois et les Tioux subirent le même sort. Les Arkansas, puissante nation de tout temps fort attachée aux Français, étaient tombés sur les premiers et en avaient fait un grand massacre ; ils poursui-