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HISTOIRE

dences remarquables, et se ressemblent surtout par le ton de passion et le cynisme d’une politique sans morale et sans dignité qui y règnent.[1] Les habitans du Massachusetts tiennent dans les lettres de Randolph la place qu’occupent les Canadiens français dans celles de l’agent moderne. À l’entendre on dirait qu’il n’y a que cette province à punir ; les petites colonies de New-Plymouth, de New-Hampshire, et de Connecticut méritent toute la sympathie du gouvernement. D’après le rapport que ce commissaire fit au roi, tout le pays se serait plaint de l’usurpation des magistrats de Boston, les habitans auraient désiré instamment que Sa Majesté ne les laissât pas opprimer plus longtemps, et qu’elle fît mettre enfin à

  1. Lord Sydenham tenait, dit-on, un livre dans lequel étaient inscrits les noms de toutes les personnes marquantes de la colonie, avec l’indication de leur parenté, de leur fortune, de leur caractère, de leurs bonnes ou mauvaises qualités, de leurs opinions politiques et religieuses, des principaux actes de leur vie, etc, S’il voulait les rallier à sa politique, et obtenir leur appui, il étudiait leur caractère dans cette singulière galerie de portraits, qui ferait peut-être pâlir bien des gens si elle était mise au jour, et faisait ensuite agir auprès d’elles ce qui pouvait tenter leur passion dominante, l’ambition, la vanité, la vengeance, la cupidité, etc. On ajoute que plus d’une fois il a surpris son interlocuteur en tirant d’un tiroir ce livre fatal, dans lequel l’on trouverait probablement les motifs des défections et des contradictions politiques, qui ont signalé la vie de tant d’hommes sous son administration, surtout dans le Canada occidental.