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DU CANADA.

jouer le rôle d’un Richelieu. L’Angleterre, la France, l’Empire et la Hollande conclurent à Londres (2 août 1718), un nouveau traité qui reçut le nom de quadruple alliance. L’empereur y renonça pour lui-même et pour ses successeurs, à toute prétention à la couronne d’Espagne, à condition que Philippe V lui restituerait la Sicile et remettrait la Sardaigne au duc de Savoie. On somma le roi d’Espagne d’accéder à ce traité dans le délai de trois mois ; mais Albéroni conspirait alors avec la duchesse du Maine contre le régent, et reçut cette proposition avec une hauteur insolente. Tout était préparé pour le succès de son projet : des troupes espagnoles devaient être jetées en Languedoc et en Bretagne, où existaient déjà des germes de révolte ; on s’emparerait du régent, qu’on renfermerait dans une forteresse ; on convoquerait les États-Généraux ; on obtiendrait l’annulation des traités de Londres et de La Haye ; on ferait déclarer le duc d’Orléans déchu de son droit de succession à la couronne, et la régence serait déférée à Philippe V, qui se trouverait alors sur les premiers degrés d’un trône auquel il tenait bien plus qu’à la couronne que son aïeul Louis XIV avait placée sur sa tête. Le prince de Cellamare, ambassadeur d’Espagne, était l’agent accrédité de cette conspiration, dans laquelle la