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DU CANADA.

claves ; que leur esprit d’exclusion et leur antipathie naturelle contre les Français, les tiendraient toujours séparés d’eux, que les Huguenots, quoique unis à ce peuple par les liens de la religion, en étaient la preuve.

Les Acadiens n’avaient pas attendu cependant ces suggestions de leurs anciens compatriotes, pour répondre à M. Richard ; ils lui représentèrent qu’ils étaient restés dans le pays à la condition qu’ils y jouiraient de leurs usages et de leurs institutions tel qu’ils l’entendraient ; que sans cela ils se seraient retirés soit en Canada soit à l’Île-Royale comme le leur permettait le traité d’Utrecht, après avoir vendu leurs terres ; que la crainte de perdre une population si industrieuse et de dépeupler le pays, avait engagé le gouvernement britannique à acquiescer à leur demande ; que leur demeure dans le pays avait été d’un grand avantage pour les Anglais eux-mêmes, en ce que c’était à leur considération que les Sauvages, leurs fidèles alliés, les laissaient, eux les Anglais, en repos, ce qui était vrai. Ils laissèrent entrevoir aussi à l’imprudent gouverneur que s’il persistait à mettre son projet à exécution de les forcer de prêter le serment de fidélité, ou de leur ôter leurs pasteurs, il pourrait bien exciter une insurrection qui deviendrait formidable par l’union aux insurgés