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HISTOIRE

celle-ci en voulant maintenir sa supériorité sur terre, ne la perdît sur mer, ce qui entraînait la ruine de ses colonies.

L’intendant avait imaginé un nouveau plan pour le commerce de l’Amérique du Nord, dans lequel le Cap-Breton devait jouer un grand rôle en devenant l’entrepôt général de cette partie du monde. L’idée en était neuve et ingénieuse ; mais elle était mise au jour dans le moment le moins favorable pour être bien accueillie. Néanmoins elle ne fut pas entièrement perdue comme on le verra plus tard.

Après s’être étendu sur les motifs qu’on avait eus d’établir le Canada et sur le commerce des pelleteries, le seul dont on se fit sérieusement occupé jusqu’alors, et auquel on avait tout sacrifié, ces deux administrateurs disaient que le temps était arrivé de donner une nouvelle base au négoce de la Nouvelle-France ; que la traite des fourrures devenait de jour en jour moins profitable et cesserait tôt ou tard, que d’ailleurs elle répandait des habitudes vicieuses et vagabondes parmi la population, qui négligeait la culture des terres pour un gain trompeur. Ils faisaient ensuite une comparaison à ce sujet entre la conduite des Américains et la nôtre. Ceux-là, répétaient-ils, sans s’amuser à voyager si loin & chez eux comme nous, cultivent leurs terres,