Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.
265
DU CANADA.

français montrait qu’il n’avait rien perdu lui-même de son esprit d’entreprise ni de son énergie ; mais le gouvernement n’avait plus la force ni les moyens de le protéger suffisamment dans une pareille œuvre. D’ailleurs les circonstances étaient telles qu’il fallait tout sacrifier à l’existence du gouvernement et de la dynastie. Louis XIV n’avait-il pas, par le traité d’Utrecht, acheté le trône d’Espagne pour sa famille au prix de plusieurs de ses colonies, c’est-à-dire, en violant l’intégrité du royaume ?

La perte des deux provinces du golfe St.-Laurent, laissait le Canada exposé du côté de l’Océan aux attaques de la puissance qui le touchait déjà du côté de la terre ; de sorte qu’en cas d’hostilités celle-ci pouvait empêcher tout secours extérieur d’y parvenir, et le séparer ainsi de sa métropole. Il était donc essentiel tant sous le point de vue défensif, que pour conserver nos pêcheries et avoir un lieu de relâche dans ces parages orageux, de changer une situation si compromettante pour la domination française dans cette partie du monde. Il nous restait encore dans ces lieux, entre autres îles, celle du Cap-Breton, située entre l’Acadie et Terreneuve les deux provinces cédées. Cette île qu’on avait méprisée jusqu’alors, et que l’on était bien aise aujourd’hui de trouver, quoiqu’elle fût très exposée, pouvait