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HISTOIRE

neutralité armée du Portugal, de la Suède, du Danemark, de la Prusse et de la Russie, se réuniraient à la France pour réprimer l’ambition commerciale de l’Angleterre, alors, mais pas avant, l’indépendance américaine devenait possible. »

Ces raisons expliqueraient, suivant le même auteur, les motifs de l’ardeur que les colonies anglaises mettaient dans les guerres contre la France ; elles voulaient rompre le système qui enchaînaient les colons au joug de l’Europe ; et l’Europe, trompée par de faux calculs, aveuglée par des jalousies et des rivalités funestes, travaillait elle-même à l’accomplissement de leur projet. Tels sont les profonds calculs que l’on prête aux pères de l’indépendance américaine. Probablement que l’on a exagéré la clairvoyance des vieilles colonies. Nous ne pensons pas, nous, qu’elles eussent déjà à cette époque pressenti si clairement leur avenir. Une espèce d’heureux instinct, comme une inspiration du génie, éclairait leur politique, à laquelle d’ailleurs la liberté était un sûr flambeau, et les conduisait comme par une pente naturelle là où elles devaient aboutir. Mais l’on doit être très sobre dans les jugemens que l’on porte sur les motifs de conduite des peuples à leur berceau. « Rien n’est plus commun, dit Michaud dans son bel ouvrage de l’Histoire