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HISTOIRE

Par le traité d’Utrecht ils perdirent de vastes territoires, moins précieux encore par leur fertilité que par l’importance de leurs côtes maritimes. Ils se trouvèrent dans le nord du nouveau continent tout à coup éloignés, exclus en quelque sorte de l’Atlantique. Les colonies américaines ont contribué beaucoup à briser le réseau immense que la France avait jeté autour d’elles, On assure que leurs coups ne se dirigeaient pas alors exclusivement contre cette nation, qu’elles confondaient déjà dans le secret de leur pensée la métropole française et la métropole anglaise, et qu’elles les regardaient l’une et l’autre comme deux ennemies naturelles et irréconciliables de la cause américaine. Si c’était là l’objet de leur conduite, on doit avouer que ces colonies montraient à la fois une prévoyance profonde, et une grande puissance de dissimulation[1]. Trop faibles pour marcher ouvertement et au grand jour, et pour surmonter de force les entraves qui devaient nécessairement les arrêter à chaque pas, elles

  1. Ramsay, auteur d’une Histoire de la révolution américaine, attribue cet événement au changement de politique de la Grande-Bretagne, qui commença à faire peser en 1764, une dure oppression sur ses colonies. Quelques uns pensent, dit-il, que la révolution a été excitée par la France ; d’autres que les colons, une fois délivrés du dangereux voisinage de cette nation, ne songèrent plus qu’à obtenir leur indépendance ; mais, suivant lui, l’égoïsme du cœur humain est suffisant pour expliquer les motifs de la conduite des colons et de la métropole, sans recourir à ces opinions.