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HISTOIRE

dans leur fort ; ils firent une défense désespérée, et n’ayant pu obtenir de capitulation, ils s’échappèrent pendant une nuit orageuse ; mais on les atteignit à quatre lieues de là, et on en fit un carnage affreux ; tous les prisonniers furent massacrés. La perte s’éleva du côté des vaincus à plus de deux mille personnes, tant hommes que femmes et enfans. On n’avait pas encore vu une pareille tuerie chez les Indiens. Ce résultat ôta tout espoir aux Anglais de s’élever au moins pour le moment dans l’Ouest sur les ruines de leurs rivaux. Il était d’une importance vitale de les empêcher de prendre pied dans cette partie du continent ; car s’ils devenaient maîtres de ce point, la communication entre le Canada et la vallée du Mississippi se trouvait coupée, et ces deux vastes provinces tombaient d’elles-mêmes comme les branches d’un arbre qu’on sépare de leur tronc.

Vers la même époque le gouverneur général fit rétablir le fort Michilimackinac abandonné depuis quelques années, et ajusta tous les sujets de mécontentement qui existaient entre les Français et les peuples septentrionaux et occidentaux, ou entre ces divers peuples eux-mêmes. Il savait profiter avec une rare intelligence des intérêts des uns et des autres pour paralyser les efforts des colonies anglaises qui travaillaient à les détacher de la France ; et c’était plus