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DU CANADA.

flotte en hivernage dans le port de la ville conquise. Après avoir roulé plusieurs plans dans sa tête soucieuse, il s’arrêta à celui-ci ; il ferait dégréer ses vaisseaux et débarquer tout ce qu’ils portaient, jusqu’à leurs mâts ; ensuite il les ferait monter à sec sur le rivage, hors de l’atteinte des glaces, à l’aide de chameaux et autres puissans appareils ; évidemment cet expédient paraissait infaillible, mais il était prématuré. L’inquiétude de l’amiral venait de ce qu’il croyait que le fleuve se congélait jusqu’au fond. L’on sait que le St.-Laurent a près de cent pieds de profondeur dans le port de Québec ; mais on peut être physicien médiocre et excellent homme de mer.


Les élémens vinrent le tirer rudement de ces préoccupations oiseuses. Un gros vent de sud-est s’éleva avec une brume épaisse qui enveloppa sa flotte et empêcha de rien voir ; les pilotes ne purent plus se reconnaître. Un ancien navigateur canadien, retenu prisonnier à bord du vaisseau amiral, avertit de ne pas courir trop au nord. On refusa de l’écouter. On était dans la nuit du 22 août : le vent augmentait toujours. Deux heures après cet avertissement, l’on se trouva au milieu d’îles et de rescifs dans le danger le plus imminent, et personne ne s’en doutait. Un officier de l’ar-