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HISTOIRE

Le ministre aurait voulu que M. de Vaudreuil se chargeât de reprendre Port-Royal avec les milices canadiennes et le peu de troupes dont il pouvait disposer ; celui-ci de son côté demandait seulement deux vaisseaux avec ce qu’ils pourraient porter d’hommes et de munitions. Tout faible qu’était ce secours, il ne fut pas possible de le lui envoyer. M. de Vaudreuil cependant, qui sentait toute l’importance de Port-Royal, allait y détacher, comme on vient de le dire, le marquis d’Alognies, lorsque l’arrivée de l’amiral Walker dans le fleuve, fit donner un contre-ordre. En vain M. de Pontchartrain voulut-il former en France une société de marchands assez puissante pour remettre l’Acadie sous la domination du roi, et y former des établissemens solides, personne ne goûta une entreprise dont les avantages ne paraissaient certains que pour l’État. Alors les habitans de cette province, abandonnés à eux-mêmes et sans espérance de secours, n’eurent plus d’autre alternative que de se soumettre entièrement, afin de sauver des récoltes qui constituaient toute leur subsistance pour l’année ; mais ces fidèles et malheureux Acadiens, si dignes d’un meilleur sort, firent dire secrètement à M. de Vaudreuil que le roi n’aurait jamais de sujets plus dévoués qu’eux, paroles qui auraient dû soulever la France