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DU CANADA.

pouvons penser sans les plus grandes appréhensions au danger qui menacera avec le temps les sujets de sa Majesté dans cette contrée ; car si les Français, après s’être attaché graduellement les nombreuses nations indigènes qui les habitent, tombaient sur les colonies de votre Majesté, il serait presqu’impossible à toutes les forces que la Grande-Bretagne pourrait y envoyer, de les vaincre ou de les réduire ». Le moment paraissait propice d’enlever à la France ses possessions d’outre-mer ; après une suite de revers inouis, elle était tombée dans un état complet de prostration ; ses ressources étaient épuisées, son crédit était anéanti, le rigoureux hiver de 1709 achevait de désespérer la nation, en proie déjà à la famine. L’Angleterre profita de ce moment pour se rendre aux vœux de ses colonies et tenter la conquête du Canada ; et pendant que Louis XIV sollicitait la paix avec de vives instances, elle donnait des ordres pour s’assurer d’une des dépouilles du grand roi.

Le colonel Vetch paraît avoir été le premier auteur de cette nouvelle entreprise. Quelques années auparavant (1705), le gouverneur du Massachusetts, M. Dudley, l’avait envoyé avec M. Livingston à Québec, pour régler l’échange des prisonniers et pour proposer à M. de Vaudreuil un traité entre la Nouvelle-Angle-