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HISTOIRE

l’alarme au loin, la campagne se couvrit bientôt de fantassins et de cavaliers qui cernèrent les envahisseurs. Il fallut se battre à l’arme blanche, la victoire, longtemps douteuse, resta enfin aux Canadiens. Hertel de Chambly et Verchères, deux jeunes officiers de grande espérance, furent tués. En peignant ces scènes de carnage n’oublions point les traits de l’humanité si souvent sacrifiée dans ces cruelles guerres. Parmi les prisonniers se trouvait la fille du principal habitant de Haverhill. Ne pouvant supporter les fatigues d’une longue marche, elle aurait succombé sans un jeune volontaire, M. Dupuy de Québec, qui la porta une bonne partie du chemin et conserva ainsi ses jours.

Ces attaques répandaient le désespoir dans les établissemens américains. M. Schuyler fit au nom des colonies anglaises les remontrances les plus vives à M. de Vaudreuil à ce sujet. « Je n’ai pu me dispenser, disait-il, de croire qu’il était de mon devoir envers Dieu et mon prochain de prévenir, s’il était possible, ces cruautés barbares, qui n’ont été que trop souvent exercées sur les malheureux peuples ». Mais en même temps qu’il élevait la voix au nom de l’humanité contre les excès de ces guerriers farouches, il intriguait lui-même auprès des cantons et des alliés des