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DU CANADA.

l’ennemi, et n’ayant pas assez d’habitans pour faire une résistance sérieuse. Il était d’autant plus inquiet sur leur sort, que le bruit courait qu’elles allaient être attaquées par des forces considérables. Mais dans le temps que ces craintes étaient les plus vives, il apprit que les hostilités des Anglais s’étaient bornées à la prise de quelques navires pêcheurs le long des côtes, et qu’il était fortement question à Paris d’acheminer sur l’Acadie une émigration assez nombreuse pour défendre cette province et en assurer la possession à la France. L’épuisement de la métropole et les revers de Louis XIV vinrent empêcher cependant l’exécution de ce projet ; ce qui fut un malheur pour tout le monde, pour la France à laquelle cette province fut ensuite enlevée ; pour les Acadiens qui furent déportés et dispersés en divers pays ; pour l’Angleterre qui se déshonora par cet acte cruel, commis au préjudice d’un peuple dont la faiblesse même aurait dû servir d’égide. Mais dans le moment, M. de Callières crut la péninsule acadienne sauvée, et il ne se préoccupait plus que de la colonie qu’il avait sous son commandement immédiat, lorsqu’il tomba malade et mourut le 26 mai, 1703, regretté de tout un pays qu’il servait avec diligence et talent depuis plus de vingt années. C’était un ancien officier au régiment de Navarre. Il