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HISTOIRE

aujourd’hui à répandre sa race, sa langue et ses institutions en Afrique, ce qui a ruiné son système colonial dans le Nouveau-Monde, où elle aurait dû prédominer. Le défaut d’association dans la mère-patrie pour encourager une émigration agricole par tous les moyens légitimés, l’absence de liberté, et la passion des armes répandue parmi les colons, telles sont les principales causes qui ont fait languir le Canada. Ce qui retarda tant la Louisiane, c’est le caractère plus commercial qu’agricole qui lui fut donné. On choisit pendant longtemps les postes qui paraissaient plus favorables au négoce qu’à l’agriculture. On n’abandonna ce système qu’après avoir éprouvé des désastres irréparables. Il est digne de remarque que le gouvernement britannique avait suivi la même maxime de ne pas souffrir que ses nationaux formassent des établissemens dans l’intérieur du pays et loin de la mer. Les motifs de cette politique sont exprimés, dit M. Barbé-Marbois, dans un rapport qui ne vit le jour que fort tard. « Les contrées de l’ouest sont fertiles, y remarquait-on, le climat en est tempéré, les planteurs s’y établissent sans obstacles ; avec peu de travail ils pourraient satisfaire à leurs besoins ; ils n’auraient rien à demander à l’Angleterre, et point de retour à lui offrir ». Mais leurs libertés et leurs institutions politiques