Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome II, 1846.djvu/175

Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
HISTOIRE

des plus beaux et des plus fertiles pays du monde, mais la Salle fit encore ici la faute qu’il avait déjà commise au Canada, de se faire suivre par trop de monde dans ses expéditions. Les désastres dont elles furent accompagnées, amenèrent la ruine de St.-Louis. Pour réussir, il n’avait qu’à rester au milieu de son établissement et encourager les défrichemens et l’agriculture. Quelques auteurs lui reprochent d’avoir perdu de vue son premier dessein pour prendre connaissance des fabuleuses mines de Sainte Barbe ; mais rien dans Joutel ni dans le P. Zénobe[1] ne justifie cette assertion[2]. Au reste, il paraît que le génie de ce voyageur célèbre était plus propre à imaginer et à établir un vaste système commercial dans ces contrées lointaines qu’à fonder un empire agricole. Ses idées avaient alors quelque chose de grand ; et les plans qu’il soumit à Louis XIV sont basés sur des calculs exacts et profonds : il fut le précurseur de Dupleix.

Nous nous sommes étendu sur cette expédition

  1. Le P. Chrétien Leclerc : Premier établissement de la Foi dans la Nouvelle-France.
  2. Au contraire, loin de se rapprocher des Espagnols il s’en éloigna. Voici ce qu’on lit dans le P. Zénobe : « ce fut ici que le sieur de la Salle changea sa route du nord-est à l’est par des raisons qu’il ne nous dit pas, et que nous n’avons jamais pu pénétrer ». Le Mississipi était à l’est de lui.